Un scénario tout en subtilité. Depuis plus d’un an, un gang de braqueurs visent les machines à sous dans plusieurs casinos à travers le pays. Leur stratagème passe par un simple smartphone et l’augmentation drastique des chances de gains. Très bien organisé, ce mystérieux gang aurait délesté les casinos français de plusieurs milliers d’euros.
L’enquête a été lancée par un juge d’instruction de Pontoise, dans le Val-d’Oise, pour « escroquerie en bande organisée ».
Une technique difficile à appréhender
Sans arme, sans violence, des filous arrivent pourtant à soutirer leur jackpot aux machines à sous. Pour réussir leur coup, ils s’en prendraient aux algorithmes du jeu. En effet, la machine à sous totalement mécanique activée par levier fait partie du passé. Les casinos se dotent maintenant de station de machines à sous modernes, avec un logiciel pour régir l’aléa.
À l’aide de leur smartphone, ce groupe organisé a profité d’une faille dans l’algorithme d’un modèle précis de machines à sous. Leur cible : le taux de redistribution. On suppose que leur programme de hacking leur permet de maximiser leur chance de gain, en choisissant le moment le plus propice pour appuyer sur le bouton.
« Il s’agit d’une technologie très sophistiquée, et même un expert, désigné par un juge d’instruction, n’a pas encore vraiment fait la lumière sur son fonctionnement » explique le journaliste du Parisien. Le piratage en règle de plusieurs casinos a, en effet, été révélé par ce quotidien au début du mois.
Cependant, Matthieu Escande, avocat spécialisé dans les jeux de hasard, ne fait pas tant de mystères. « Il est assez facile d’interférer sur les ondes électromagnétiques d’une machine à sous et d’agir sur son algorithme (…) Il suffit d’avoir un système informatique qui émet des ondes plus puissantes que l’algorithme ».
En outre, la technique ressemble fortement à celles dont ont été victime quelques casinos américains. En revanche, le piratage aurait été du fait de gangs russes.
Un seul individu attrapé
Pour l’heure, ce gang organisé se joue encore de la police. Car au regard des préjudices dont les casinos s’estiment victimes, un juge d’instruction de Pontoise, dans le Val-d’Ois, s’est évidemment saisi de l’affaire.
L’enquête n’a pas encore permis de mettre la main sur ce groupement criminel et ses têtes pensantes.
Quoi qu’il en soit, les images des caméras de surveillance font partie des éléments dont les enquêteurs disposent. Le tableau actuellement dressé suggérerait des pirates venant d’Europe de l’Est, notamment de Moldavie et de Roumanie.
Pour l’heure, on estime que l’homme arrêté en septembre 2022 au casino d’Enghien-les-Bains fait partie de la bande. Son gain de 12 000€ et son comportement suspect avec son smartphone lui ont valu une interpellation. Ce Roumain qui « travaille dans le bâtiment » écope d’un flagrant délit de tricherie. Détenu en région parisienne, il nie toute implication.
De nombreux casinos concernés
Le casino Barrière d’Enghien-les-Bains a fait l’amère expérience de ce piratage à plusieurs reprises. Au total, les malfaiteurs auraient soutiré près de 400 000€.
« De nombreux faits similaires sont à déplorer dans plusieurs casinos en France, avec un préjudice très important, mais aucun complice ni donneur d’ordre n’a été interpellé », rajoute le journaliste du Parisien, alors qu’il a assisté à l’audience du seul individu encore mis en cause.
En effet, des casinos d’autres groupes ont également subi ce braquage délicat. Les auteurs sont notamment repérés par la survenue de gains substantiels trop répétés.
L’enquête se poursuit.
